mercredi 4 février 2009

Rouge Carmen à Nimes

Une dernière fois, Don José et Carmen se racontent leur histoire, une dernière fois, ils la rejouent : on interroge la rencontre, les fâcheries, les retrouvailles, les blessures, on se torture. Dans l’arène du souvenir, torero et taureau n’en finissent plus de se jauger au fil de cette mise à mort par le discours, où les répliques fusent comme des banderilles.
Huis clos fatal, « conte à rebours », ce fait divers universel autant qu’intime, Juliette Deschamps l’imagine comme une ultime confrontation, tressée de flamenco et de chansons gitanes.

En contrepoint musical, musiciens et chanteurs sévillans seront, face aux deux acteurs, le coryphée de ce drame. Un jeu dangereux réglé comme un braquage, une danse macabre où l’on se tient en joue : d’un claquement de talon, d’une rafale de guitare, on désapprouve, on condamne, on achève. Mais plus terrifiant que l’énigme sont les pulsions qu’elle invoque, gouvernant en secret la mécanique des sentiments. Plus morbide que le meurtre, il y a le mobile : l’amour, qu’il soit bêtise ou cruauté, abandon de soi-même face à cet autre qui nous dévore. En sept instantanés, précis et inexorables comme un galop photographique de Muybridge, ce règlement de comptes arbore la précision d’une autopsie, d’une balistique de la rupture. Minutes du procès, secondes où tout bascule, vous êtes témoins.





Avec : Chloé Réjon et Bruno Blairet


Mise en scène et adaptation : Juliette Deschamps
Décor : Miquel Barceló, assisté de Claudine Bertomeu
Lumières : Dominique Bruguière, assistée d’Alain Paradis
Costumes : Macha Makeïeff
Direction musicale : Antonio Moya

"Dans l’arène figurée sur scène par le peintre Miquel Barceló, un cercle incliné recouvert de sable, Don José (l’intense Bruno Blairet) refait à rebours le récit de sa déchéance. Carmen apparaît et disparaît, feu follet auquel Chloé Réjon insuffle un charme empoisonné. Dans une langue élégante et précise, Mérimée manie la dérision ou l’ironie, multiplie les rebondissements. Le son perçant des clairons vient pourtant rappeler que le dénouement sera tragique."
François-Xavier GOMEZ pour "Libération" lundi 21 juillet 2008
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